Le Dit du pourquoi et du comment

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Alex Fischman est un peintre du XXe siècle, tant sa vie et son oeuvre racontent l’histoire politique et le parcours artistique de cette période, entre 1928 date de sa naissance, et 2003 celle de sa mort.

Sa mère venait de Pologne, son père venait de Lettonie, tous deux établis à Paris sans problème : avant la deuxième guerre mondiale, on pouvait se déplacer d’un endroit à un autre par choix ou par nécessité, sans être considéré comme un immigré dangereux. Mais il n’en était plus ainsi dans les années 40, et tous deux sont devenus « apatrides, immigrants , peut-être espions, et surtout juifs - même si cela pour eux ne signifiait pas grand-chose, étant sans religion -»   cela les condamnait à être anéantis, à moins de pouvoir rester clandestins et cachés.

Seul Alex né à Paris, était considéré comme français, au moins provisoirement… Dès le début de la guerre, la famille s’est séparée, le père d’Alex s’est engagé dans l’armée française comme volontaire étranger, Alex et sa mère sont partis d’abord vers la côte atlantique, puis vers le Béarn, et quand l’armistice a été prononcé, le régiment du père d’Alex a été démobilisé à Cahors ; c’est donc dans le Lot que la famille a été réunie pour y poursuivre cette drôle de guerre ; ils se sont installés dans un petit hameau, Calvayrac, sur les hauteurs surplombant Prayssac. Ils y ont travaillé pour gagner leur vie chez les paysans ou de petits artisans ; la vie du père d’Alex était plus compliquée car il avait rejoint la résistance locale. Mais personne ne les a jamais dénoncés aux autorités de collaboration, pas plus dans le village que dans l’école communale. Alex a toujours rendu hommage pour cela aux habitants du Lot.

Néanmoins, il avait ressenti comme une insulte, une humiliation, qui sont restés irréparables, la mention qu’il a découverte sur les cartes de rationnement distribuées aux familles, la mention « JUIF ». Cela, et la connaissance de l’existence d’un camp de regroupement concentrationnaire, à deux pas de chez lui, à Catus, les massacres commis par la division « Das Reich » à Frayssinet-le-Gélat, toutes les souffrances de cette guerre qui se poursuivait ont pesé définitivement sur la préadolescence de ce garçon.

Paradoxalement, il vivait la période la plus paisible de sa vie sur le plan familial et scolaire : pour la première fois il était scolarisé quelques années de suite au même endroit, le cours complémentaire de Prayssac où enfin on lui laissait la possibilité de comprendre quelque chose à ce qu’on disait et même, d’y obtenir le Certificat d’études primaires. 

Malencontreusement une primo-infection tuberculeuse l’en éloigne, et malade sans l’être, il doit rester chez lui avec pour seule compagnie quelques livres prêtés par l’instituteur, et la nature à contempler… solitude et probablement ennui et accentuation de l’ancienne nécessité de ne vivre qu’en soi.

C’est là que le génie de ce qui est peut-être le destin, fait qu’une stagiaire de son école lui prête un livre d’art, sorti de la bibliothèque et… il découvre le monde de la peinture ! Tout de suite, la fascination, l’éblouissement, le coffre aux trésors était entrebâillé : jamais Alex n’en a refermé la porte, jamais non plus épuisé le contenu, pas plus celui déposé par les autres que celui qui était en lui, encore caché, presque inconnu de lui-même, et qui peu à peu s’est préparé à émerger.

Quelques copies, quelques essais sur la nature environnante, évidemment perdus depuis. Mais est restée l’envie grandissante de faire de cela sa vie.

Il reste en témoignage de son enfance quelques toiles qu’il a peintes, lors de son premier retour dans le Lot en 1952 : 

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                                                                                                                                                            © Alex Fischman 2020